Qualité de la rivière : très dépendante des niveaux d'eau

Sécheresse précoce ce printemps 2023 :

Le niveau d’eau de nos rivières est actuellement très bas pour la saison.

Avec 3m³/s dans l’Ardèche à Vogüé, par exemple, on observe des débits habituels de début juillet.

Ces situations de sécheresse intense et précoce auront des impacts sur la qualité de l’eau et des milieux aquatiques si elles se renouvellent trop souvent et deviennent la norme.

Sur le court terme, cela peut aussi avoir des effets observables immédiatement :

Par exemple, des développements importants d’algues peuvent être observés dans les rivières : ils sont favorisés par les faibles débits, les températures d’eau élevées (ce qui n’est pas encore le cas au mois de mai), les fortes concentrations en nutriments (à cause du peu d’eau pour diluer) et la faible oxygénation de l’eau (peu de courant, températures élevées et consommation par les algues).

Bien que désagréables ou disgracieuses, ces algues ne sont pas nocives pour l’homme mais elles dégradent la qualité du milieu et peuvent perturber les conditions de vie des espèces aquatiques.

A-t-on des résultats d’analyse pour le montrer ?

Non, les suivis pour la qualité sanitaire des eaux de baignade (bactéries Echérichia Coli et Entérocoques Intestinaux) n’ont pas encore commencé. Ces analyses n’ont lieu que pendant la saison estivale, à partir de la fin du mois de juin.

De plus, concernant les développements d’algues, ce ne sont pas les mêmes paramètres qu’on analyse, et aujourd’hui seules des observations visuelles sont réalisées. Des prélèvements et analyses peuvent être faits ponctuellement en cas de doute et par les autorités sanitaires.

Peut-on agir pour éviter l’aggravation de la situation ?

Oui, chacun peut agir à son niveau, et sans attendre cet été :

en évitant de gaspiller l’eau, car toute l’eau que l’on laissera dans la rivière est bénéfique pour sa qualité ;

en respectant les mesures de restriction des arrêtés sécheresse (niveau ALERTE sur le bassin versant au 12/05/2023)

en n’entravant pas la libre circulation de l’eau pour éviter son réchauffement, son évaporation et lui permettre de s’oxygéner un maximum, par exemple ne pas faire de petits barrages en galets dans les rivières ;

en ne dérangeant pas les espèces aquatiques.

Quels risques potentiels liés aux cyanobactéries ?

Pas de panique : les cyanobactéries sont des organismes naturellement présents dans les milieux aquatiques qui se développent au gré des conditions environnementales (ensoleillement, températures élevées, vitesse de courant, faibles hauteurs d’eau…).

Leur présence n’est pas liée à une pollution.

Ce ne sont pas non plus des algues, bien qu’on les confonde souvent avec ces dernières.

Est-ce dangereux ?

Comme les champignons en forêt ou les plantes sauvages, elles ne sont pas toutes dangereuses et elles ne sécrètent pas toutes des neurotoxines. Comme la toxicité ne se distingue pas à l’œil nu, il est cependant important de connaître les bons comportements afin de s’en prémunir.

En rivière, ce sont les formes de cyanobactéries benthiques qui sont potentiellement présentes. Elles se développent sous forme de « biofilm » fixé à un support (galets, bâtons…). A leur mort, elles se décrochent et forment des « flocs » (galettes à la surface de l’eau) qui peuvent s’accumuler dans des zones de faible courant ou d’eaux mortes.

La toxicité ne s’exprime qu’en cas d’ingestion de biofilm ou de floc ; c’est pour cela que les animaux domestiques et les jeunes enfants sont les plus exposés au risque car ils sont susceptibles de porter à la bouche des galets / bâtons recouverts de biofilm ou d’ingérer des flocs.

Y en a t’il dans nos rivières ?

Ces proliférations sont très localisées : les zones de production de biofilm ou d’accumulation de flocs peuvent être localisées sur quelques mètres carrés.

Comme les cyanobactéries benthiques sont très peu concentrées dans l’eau, elles ne sont pas recherchées systématiquement quand on analyse la « qualité baignade » d’une eau de rivière. La surveillance fine de tous les linéaires de rivières est également impossible.